Afficher d'autres pages    

 

Didier Repellin, architecte en chef des Monuments Historiques, 1996

Il y a une dizaine d'années, j'ai fait visiter les chantiers de restauration de la cathédrale de Lyon à des prisonniers. À la fin de la visite, certains ont demandé au chef de chantier de les embaucher ! Ils ne se demandaient pas si c’était beau ou non, ils étaient marqués par ce que l'on arrive à faire de ses mains. Ils ont vu des artisans qui aimaient ce qu’ils faisaient, et qui recommençaient parfois leur ouvrage à cause d’une erreur. Ces artisans avaient à peu près le même âge qu'eux : pas de place à l'emphase, au psychologique, ce travail direct témoigne. Leurs surveillants inquiets de cette expérience sont ressortis déstabilisés, ils n’avaient pas envisagé un tel impact. Nous avons beaucoup trop isolé les monuments, ils doivent faire partie de la vie quotidienne des gens. Je crois que le patrimoine est une source d'espérance pour le futur. Le terme “ conservation ” ne devrait pas exister, il faut dire la promotion, le développement du patrimoine, car il n'a pas fini son évolution et surtout il n'est pas qu'un tas de vieilles pierres mortes !