L'ÈRE DES AUTOROUTES, LE RAPPORT À L'AUTRE DANS LES SOCIÉTÉS NARCISSIQUES

Conférence au congrès de Louvain la Neuve 1998

Nous perdons de plus en plus la notion d'apprivoisement de l'autre ; une espèce de rapidité nous mène vers l'autre, comme des autoroutes. Le don de soi gratuit se traduit par la capacité d'empathie qui jalonne le long chemin nous conduisant loin des autoroutes narcissiques.

par Jean-François Vézina

Jean-François Vézina est québécois, psychologue, auteur et conférencier.

Ce qui est particulier dans mes rapports avec l'autre, c'est que mes plus belles rencontres, les plus significatives, je les ai faites avec des gens dont je n'ai jamais vu le visage. Dans l'écoute téléphonique ; une relation particulière s'installe quand une personne en crise vous téléphone, tout ce qui est superficiel tombe, l'essentiel apparaît plus facilement et l\'on arrive au nœud des personnes. Je n'ai jamais vu le visage de ces gens-là, je ne les ai jamais rencontrés. Pourtant ces rencontres sont parmi les plus significatives pour moi.
Un autre endroit pour moi où le rapport à l'autre prend toute sa signification, c'est en voyage. Ainsi, l'année dernière, je suis allé seul au Maroc. J'ai fait alors la rencontre de deux personnes qui ont vraiment bouleversé mon voyage. On arrivait dans une ville étrangère et nous étions trois inconnus sur le bateau qui nous menait à Tanger. Cette rencontre a marqué mon voyage dans le sens ou une fraternité s'est installée entre nous. Nous ignorions tout l'un de l'autre, mais nous partagions des besoins essentiels, c'est-à-dire se loger, se nourrir et se sécuriser. J'ai parcouru le Maroc durant un mois avec ces gens et je n'ai jamais su ce qu'ils faisaient comme travail, ni quelle forme avait leur masque social.
Plus récemment, je suis arrivé ici fatigué par le décalage horaire et la lourdeur de mes sacs à dos. Alors que j'étais assis sur la grande place à Louvain-la-Neuve, deux mains se sont approchées derrière moi, deux mains qui m'ont surpris en dégageant un parfum familier et cachant momentanément mes yeux. Puis j'ai découvert que c'étaient les mains de Michèle, deux mains qui en me redonnant mes yeux ont donné un sens nouveau à ce voyage. Là, mon voyage a pris toute sa signification, par l'amitié. Ce voyage a été décidé il y a deux ou trois semaines à peine. Tout cela pour vous dire que, dans le voyage, le rapport à l'autre apporte une nouvelle couleur. De ce voyage-ci comme de tous les autres, je garderai le souvenir de ce rapport à l'autre particulier.
Le rapport à l'autre peut se faire aussi dans l'art. Je crois par exemple que l'on arrive à connaître un écrivain bien plus en lisant ce qu'il écrit qu'en sachant comment il tartine son pain le matin, ou quelle sorte de désodorisant il utilise. Puis il y a des auteurs qui font voyager et d'autres que l'on amène en voyage. Parmi les auteurs qui m'ont accompagné en voyage, il y a bien sûr Saint-Exupéry que j'affectionne tout particulièrement et qui m'a guidé vers le désert du Sahara l'an dernier. Cet auteur est l'un des rares qui m'accompagne aussi bien en voyage que lorsque je désire voyager dans mon imagination, comme par exemple lorsque je travaillais la nuit, en solitaire, pour nettoyer les planchers d'un hôpital pour financer mes études. Je repense ici à Saint-Exupéry qui disait : « L'homme est un nÅ“ud de relations, les relations comptent seules pour l'homme ». C'est dire l'importance des relations dans l'édification d'une personne humaine, car c'est dans ce rapport à l'autre que l'on se construit.
Si l'on dit que la beauté est un chemin et que le rapport à l'autre est aussi un chemin, que place-t-on sur ce chemin ? Qu'est-ce que l'on place dans cet espace, dans ce vide qu'il y a entre nous ? Force est de constater que, de plus en plus, on construit des autoroutes entre nous. Il semble que nous perdions de plus en plus la notion d'apprivoisement de l'autre. Une espèce de rapidité nous mène vers l'autre, métaphoriquement, comme des autoroutes. Les autoroutes sont certes très utiles mais elles nous font perdre de vue les routes de campagne. C'est vraiment l'opposition entre l'utile et la beauté. Et comme cela ne va pas assez vite on crée des autoroutes électroniques pour aller encore plus vite dans le rapport à l'autre. Je ne suis pas contre tout cela, mais à mon avis, la vitesse peut nous faire perdre de vue le sens, le sens en tant que direction. Il y a une illusion de proximité dans la rapidité qui éliminerait cet espace créateur nécessaire entre nous. Ce sens, on le retire du voyage, c'est-à-dire du mouvement qui nous mène à l'autre. Ainsi, de se rendre rapidement vers l'autre ou même vers tout autre chose, entraîne une perte de sens. Dans la perspective de cette métaphore de l'autoroute, Kundera dit dans son livre La lenteur qu'une culture de la vitesse est une culture qui oublie rapidement. Il émet l'idée que, plus on fait les choses rapidement, plus on oublie rapidement. Cela nous permet de nous interroger sur la vitesse de relation à l'autre.
Pour aller plus loin dans mon image, l'autoroute que l'on crée entre nous est parfois payante. La gratuité dans nos rapports est de plus en plus menacée : Ignacio Ramonet du Monde Diplomatique disait, lors d'une conférence à Québec, que, subtilement, les lois du marché s'infiltrent dans nos rapports avec les autres et cela se passe à notre insu : qu'est-ce que l'autre va me rapporter ? « Pense à tes besoins, tu es en train de te faire avoir avec cette personne, tu perds ton temps avec elle... », ces phrases que l'on entend beaucoup dans la psychologie populaire ont pu contribuer à créer cette situation. Et la conséquence est inévitable : ceux qui entrent en relation sous un mode « monétaire » se diront à la fin d'une relation où ils n'auront pas obtenu ce qu'ils recherchaient qu'ils ont perdu leur temps, que l'autre ne leur a pas rapporté quelque chose. Bref, un mauvais investissement !
Je me dis que ce n'est pas dramatique de perdre son temps pour une personne. Mais il faut reconnaître que nous sommes dans une culture narcissique, c'est-à-dire une culture qui investit beaucoup dans le regard de l'autre sur soi, qui achète son regard à fort prix. Le rapport à l'autre est de moins en moins gratuit. J'appelle cela une autoroute payante, car on fait payer les gens pour entrer en relation. Le regard de l'autre et tout ce qui est exigé de l'autre aurait l'illusion de permettre le « financement » de la construction de sa personnalité : « Regarde-moi et dis-moi que j'existe, sans tes yeux sur moi je ne suis rien.  » Ainsi, toutes les stratégies seront possibles pour acheter ce regard. Demander à l'autre de nous confirmer, de nous regarder, c'est-à-dire lui demander mon existence, c'est une culture du regard de l'autre. C'est dans ce sens-là que je parle d'une autoroute payante qui coûte très cher. Il y a ici un paradoxe. Certes le rapport à l'autre a comme propriété la construction de sa personnalité, mais cela se fait normalement dans la gratuité. On a beaucoup à apprendre du comportement relationnel et collectif des insectes par exemple à cet égard. C'est encore Jacquard qui disait : « L'homme est un génie individuel, mais un idiot collectif ».
Quand on marchande subtilement, quand on manipule subtilement l'autre pour lui demander de nous confirmer que l'on existe, cela peut devenir périlleux. La culture narcissique est aussi une culture de la manipulation et de la consommation de l'autre. Et on retournera ainsi l'autre à la compagnie lorsqu'il ne fera plus notre affaire ou qu'il ne nous regardera pas suffisamment. Si l'on place notre centre à l'extérieur de soi, c'est parce qu'il y a un vide à l'intérieur, un vide très important au niveau de la personne et la demande est d'autant plus grande pour l'extérieur. L'autre qui se présentera sur notre route devra compenser pour les manques passés. Ce qui est intéressant à remarquer, c'est que les gens qui ont ce vide intérieur vont compenser par une masse incroyable de faire, par l'apparence, par l'image. On n'a qu'à regarder du côté du « star system » américain pour dresser les balises de cette culture de l'image.
C'est donc une quête effrénée du regard de l'autre pour exister qui est à la base d'une culture narcissique. La quête désespérée d'un reflet pour exister. Comme si on avait l'impression que notre fond n'était pas beau. Cette situation est normale, puisque tout le monde attend le regard de l'autre et que personne ne prend le temps de regarder l'autre. C'est la même chose avec l'écoute : « Tu ne peux pas entendre ce que je dis, parce que tu parles trop fort !  »dit l'expression populaire.
Un autre élément de cette autoroute est son usure rapide. Pourquoi s'use-t-elle si rapidement ? Dans nos rapports aux autres, il y a beaucoup de répétitions, de là vient l'usure et la perte de sens. Dans la chaîne de répétition des rapports humains on se retrouve souvent dans les mêmes schémas de relation. Un élément de la répétition est un mécanisme de défense. Nos rapports de demandes à l'autre répétées sont des demandes répétées parce qu'elles ne s'adressent pas à la bonne personne. Et en plus, ce qu'on demande à l'autre est quelque chose de très grand, on lui demande de nous confirmer comme personne. Nous plaçons alors notre centre à l'extérieur de nous.
J'entends souvent cela lors de l'écoute téléphonique. L'estime de soi, dans nos sociétés narcissiques, est une des choses les plus difficiles à acquérir. Prenez par exemple un enfant qui pleure et auquel on dit : « Si tu continues à pleurer, je ne t\'aimerai plus. » On dit cela sans prendre en compte les conséquences de ces paroles, mais l'enfant, qui veut à tout prix être aimé, va se mettre à faire des choses pour être aimé, souvent au détriment de ce qu'il porte comme sentiment, et il va penser subtilement que son fond (ses sentiments, ses idées) ne vaut pas grand-chose. La reconnaissance de cet enfant dans la différence ne sera pas faite. Une culture narcissique se construit très subtilement. D'autres fois, on entend : « Sois sage, aie de bonnes notes si tu veux que je continue à t'aimer. » Je caricature, mais c'est pour illustrer comment peut se construire un tel fond. Ces gens-là vont passer leur vie à essayer de trouver ce que l'autre veut pour être aimés. C'est un cul-de-sac, on n'y arrive jamais et on développe la manipulation de l'entourage comme seul moyen d'être aimé.
C'est le paradis rêvé du narcissique de circuler sur les autoroutes électroniques car il peut manipuler à sa guise l'image qu'il donne à l'autre. Dans l'univers virtuel, le contrôle au bout des doigts et la vitesse donnent l'illusion d'une proximité des contacts humains. Mais cette proximité est vouée à l'oubli lorsque la mémoire de l'ordinateur se vide pour faire place à une autre rencontre.
Ici entre en jeu l'importance de la sincérité, de la transparence et de l'écoute vraie dans le rapport à l'autre. Cela fait dix ans que je fais de l'écoute téléphonique. Même après plus de mille cinq cents heures d'écoute, je ne peux pas dire que j'ai vraiment réussi à développer une écoute totale. Etre à l'écoute d'une personne, c'est être à l'écoute de ce qu'elle éprouve, pense, ressent tant positivement que négativement, et simplement lui témoigner son être. Tendre vers une acceptation totale de l'autre sans jugement. Il ne s'agit pas ici d'être caméléon et de tout accepter des comportements de l'autre, car il s'agirait d'empathie achetée. Il s'agit plutôt d'une tendance, une tendance vers l'acceptation en sachant très bien qu'il s'agit d'une destination jamais atteinte.
Avec les gens qui viennent me voir en consultation ou que je reçois pendant l'écoute téléphonique, j'essaie de leur renvoyer ce que je vois, ce que je perçois pour qu'ils puissent le reconnaître en eux, alors qu'ils sont si souvent décentrés, mais il ne s'agit là que d'une tentative.
Il s'agit d'écouter aussi ce qui est beau chez l'autre. Ainsi, dans les sentiments positifs, c'est l'image de l'enfant qui se présente à son père et qui lui dit : « J'ai fait quinze kilomètres à bicyclette en un temps record, je suis allé très vite et j'ai battu mon record, je suis fier de moi », et le père lui répond : « Oui, mais as-tu pensé que tu aurais pu chuter en allant si vite ! » Ainsi l'enfant, qui ressentait alors pleinement sa fierté pourra se dire, devant l'indifférence du père à cette fierté, qu'il n'a pas de valeur et développera un regard axé sur ce qui pourrait ne pas marcher, sur ce qui pourrait ne pas fonctionner et ainsi développer de l'anxiété. Une espèce de mécanisme s'installe en lui qui se met à chercher ce qui n'est pas beau. C'est alors ici le propre de l'anxiété que de se créer les drames avant qu'ils n'arrivent. L'attention est alors dirigée vers le futur et vers la création de drames possibles. Il s'agit là d'une direction bien limitée à donner au pouvoir créateur de l'enfant.
Une autre caractéristique de la culture narcissique est qu'elle déresponsabilise. Elle produit des gens incapables de choisir. Si leur fond n'est pas bon, leurs choix ne viendront jamais de là, mais plus souvent de ce que l'autre veut. Ainsi, ces gens vont toujours se fier à l'opinion des autres, vont développer le paraître qui s'édifiera comme un paravent sur l'être. A l'opposé, les gens qui choisissent en fonction de ce qu'ils sont feront grandir leur être. C'est l'opposition entre être et paraître. Paraître, c'est un peu comme un paravent qui vient parer l'être, un pare-être. Alors que le vent pourrait nous être utile pour nous dépasser, car c'est en effet avec la résistance du vent sur les ailes que l'oiseau s'envole, on se coupe parfois de ce vent. Mais en développant ce paravent, on s'isole et on perd de vue le vent de l'autre, source de dépassement de soi.
L'autre caractéristique de la culture narcissique est un écart très grand entre ce que l'on est et ce que l'on exprime. Je définis la santé mentale en mesurant cet écart-là. Plus l'écart est grand entre ce que l'on est et ce que l'on témoigne à l'extérieur, plus on est en présence d'une personne en difficulté. Si l'on reprend l'image de l'artiste, un grand artiste crée vraiment à partir de son centre et on sait tout le défi que cela pose.
Lorsque l'on part du centre et que l'on se retrouve dans une culture décentrée, on est rejeté. Le prix à payer pour affirmer notre identité est une certaine forme de rejet. Il faut donc du courage pour affirmer ce que l'on est. Et si l'on veut entrer en rapport avec l'autre, il faut, dans la mesure du possible, se rapprocher le plus possible de son centre et essayer de réduire cet écart entre ce que l'on est et ce que l'on montre. Plus l'être est unifié, plus on est près de son centre, moins l'autre est une menace. Plus l'identité est diffuse, plus l'autre devient une menace. Si l'on n'est pas unifié, on aura du mal à percevoir la différence. On le voit souvent au niveau des individus qui vont fusionner avec d'autres, mais qui n'ont pas d'identité propre.
Ce qui est vrai des personnes l'est aussi des cultures ; regardez le Canada avec le Québec. Récemment, je participais à un documentaire pour la chaîne nationale ; les réalisateurs se penchaient sur la question du rapport Québec -Canada sous l'angle d'un couple qui avait des difficultés conjugales ; une des idées que l'on a essayé d'émettre était que le Canada avait des difficultés à reconnaître la différence du Québec et à confirmer cette différence, parce qu'elle menace l'identité du Canada. Le Canada sans le Québec, c'est quoi ? Le questionnement du Canada sur son identité amène à reconnaître la différence de son partenaire. C'est une extrapolation psychologique, une métaphore par rapport à un couple, dans laquelle il faut être prudent, mais il y a quand même là des idées à retenir.
En conclusion, je vous propose non pas un remède, mais je vous suggère une piste à explorer en dehors des autoroutes, il s'agit de la route de campagne. La route de campagne est certes lente, car elle est jalonnée par l'empathie. Prendre le temps pour l'autre, la patience d'entendre ce qu'il est, peut parfois devenir très difficile et on a recourt à la rapidité. II est sûr que l'on ne peut pas donner ce que l'on cherche à l'extérieur de soi, c'est inéluctable. On ne peut se sortir de cette culture narcissique que par le don de soi gratuit, mais il faut d'abord récupérer son centre et laisser un espace pour que l'autre arrive. C'est à partir de ce manque, de ce fossé entre nous que l'on peut espérer avancer et entrer en relation. Sans l'espace engendré par le manque de l'autre, on n'avancerait pas, nous serions arrêtés les uns sur les autres. Apprendre à contenir, à tolérer le manque serait aussi une piste à explorer et un enseignement sûrement très utile pour les jeunes. C'est aussi le problème de certaines personnes qui croient avoir quelque chose mais au fond qui n'ont rien. Elles ont tellement tout qu'elles n'ont rien. L'encombrement, l'embouteillage d'une vie trop chargée de vides illusoires. C'est un peu ce que disait un humoriste d'ici : « Avant les jeunes n'avaient rien, ils étaient devant tout, les jeunes aujourd'hui ont tout et ils sont devant rien. »
Ce don de soi gratuit se traduit donc par la capacité d'empathie qui jalonne le lent chemin nous conduisant loin des autoroutes narcissiques. L'empathie, c'est la capacité de se mettre dans la peau de l'autre, la capacité à reconnaître la différence de l'autre, la fameuse compassion bouddhique. C'est la capacité de retarder le jugement rapide sur l'autre et de percevoir l'homme derrière l'action, de le confirmer dans ce qu'il a de beau comme de laid. Plus on cultive l'empathie, plus une société peut espérer être en bonne santé. L'empathie, c'est un peu comme un lubrifiant social. Elle rend les routes praticables, répare les trous liés à l'usure du jugement et nous donne la possibilité d'admirer la beauté des routes de campagne. Elle permet ainsi de réapprendre à apprivoiser l'autre. Comme le disait Saint-Exupéry : « C'est le temps que l'on perd pour quelqu'un qui lui donne toute sa signification, qui le rend si important. » Ce travail de se pencher sur l'autre, de l'apprivoiser, prend du temps et implique de sortir de son monde sécuritaire. La rencontre de l'autre implique un mouvement, faire l'effort de voir comment c'est chez l'autre pour apprécier comme c'est bon d'être chez soi. Apprendre ainsi que l'on n'a pas besoin d'acheter constamment ce que l'autre veut pour s'édifier. Faire confiance à la gratuité de la relation à l'autre, et expérimenter le fait que la différence enrichit son propre paysage intérieur au lieu de la menacer. Mais avant d'offrir son hospitalité, avant d'inviter l'autre, il faudrait peut-être d'abord penser à habiter vraiment chez soi.